mercredi 29 août 2007
PRÈS DE 25 INTERPELLATIONS DANS LE BÂTIMENTTravail clandestin à Dijon : Une filière démantelée
Après plusieurs mois d'enquête, la police aux frontières a récemment démantelé une importante filière de travail clandestin implantée au sein de l'agglomération dijonnaise dans le secteur du bâtiment. Une vingtaine d'individus principalement originaires du Kosovo et trois chefs d'entreprise dijonnais ont été interpellés.L E début de l'affaire remonte à décembre 2006. C'est à cette période que la brigade mobile de recherche (BMR) de Dijon de la police aux frontières a décidé d'ouvrir une enquête judiciaire. Celle-ci concernait plusieurs entreprises du Bâtiment basées dans l'agglomération dijonnaise.
Au fil de six mois de surveillances et d'investigations menées avec l'appui du Groupe d'intervention régional (GIR) de Bourgogne et de l'URSSAF de Côte-d'Or, les enquêteurs de la BMR sont parvenus à recueillir les éléments constitutifs de nombreuses infractions laissant apparaître l'existence d'un réseau structuré venu d'ex-Yougoslavie.
Le réseau datait de 1994
C'est à partir du 14 juin dernier qu'a pu débuter une série de contrôles dans cinq entreprises de plâtrerie peinture.
Toutes gérées par des ressortissants originaires de la province du Kosovo, elles travaillaient exclusivement pour trois donneurs d'ordres de l'agglomération, également contrôlés, qui utilisaient cette main-d'œuvre bon marché par le biais de la sous-traitance.
Le pionnier du réseau, arrivé clandestinement en France en 1990, avait créé sa société dès sa régularisation en 1994, puis avait fait venir son frère. Cousins et amis étaient ensuite venus grossir les rangs. Depuis, les travailleurs clandestins, qui possédaient presque toujours des liens de parenté avec leur employeur, présentaient un parcours similaire. Arrivés [color=red]illégalement en France, ils étaient pris en charge et hébergés par leurs compatriotes déjà implantés à Dijon, en échange d'un travail précaire de peintre. [color:16e9=red:16e9]Une fois régularisés, ils créaient souvent leur propre société et reproduisaient le même schéma avec d'autres clandestins.
Détournement d'actifs
Afin d'organiser l'arrivée de nouvelles personnes, les employeurs avaient pris l'habitude de se rencontrer dans un bar dijonnais. Chacun cherchait à prospérer au gré des dépôts de bilans, détournements d'actifs et dissimulations de chiffres d'affaires. Après avoir été placés en liquidation judiciaire, certains avaient ainsi repris une activité sous le nom de leur épouse.
Au total, ce sont près de 25 interpellations qui ont été opérées courant juin et début juillet.
Parmi les individus arrêtés, l'un s'était vu notifier [color=red]en [color:16e9=red:16e9]2005
un arrêté de reconduite à la frontière. Il était également recherché dans le cadre de deux condamnations pour vol aggravé et port d'arme de 4e catégorie.
Dix convocations devant la justice
Le 11 mars 2008, dix personnes devront se présenter devant le tribunal correctionnel de Dijon, parmi lesquelles deux des trois donneurs d'ordres, dont les noms ne nous ont pas été communiqués. L'un de ces deux chefs d'entreprise a reconnu avoir utilisé depuis plusieurs années le concours des cinq sociétés mises en cause, dont il était le principal fournisseur d'activité. Il a également avoué qu'il connaissait la situation de ses sous-traitants en matière de main-d'œuvre. Autre fait lui étant reproché, il avait employé directement l'un des travailleurs clandestins pour des travaux de rénovation dans sa propre villa.
Nicolas MANZANO
http://www.bienpublic.com/actu/faitsdiv/20070829.BPA0132.html