jeudi 13 septembre 2007
lettre à Michel Rocard
Mon vieil ami, Michel Rocard, s'étant annoncé à la "Fête de la Liberté", je lui avais écrit de Canton pour l'en féliciter. Ma lettre devait lui être remise, accompagnée des"Lunettes à Frédéric". Ayant appris qu'il se désistait, j'ai décidé de la rendre publique.
Emile Jappi
368 Huanshi Dong Lu
Guangzhou, 510064
Chine
Canton, le 12/09/07
Cher Michel,
C’est avec beaucoup de bonheur que j’ai appris ta présence et ton intervention à la « Fête de la Liberté ». J’ai demandé à Jacques de Guénin, de te transmettre mon livre accompagné de cette lettre. Elle nous ramène 22 ans plus tôt quand Jimmy Goldsmith avait essayé en vain de nous convaincre que la droite en France, conservatrice, étatiste et nationaliste n’avait jamais eu de tradition libérale. Qu’en revanche, la « deuxième gauche », la « gauche française », celle que nous incarnions alors, toi plus que moi d’ailleurs, pouvait s’enraciner dans la grande et belle famille des Proudhon ou des Pierre Leroux.
Quant à moi, grâce aux « Lunettes à Frédéric » que je t’invite à découvrir à ton tour, j’ai pris conscience que le capitalisme et le libéralisme étaient faits pour les petits et les pauvres, ceux là même que nous pensions défendre avec notre politique.
Quand tu es riche tu peux vivre dans une société socialiste.
Tu peux payer deux fois :
- avec tes impôts, des hôpitaux où tu n’iras jamais te faire hospitaliser ; avec ton argent, l’Hôpital Américain à Neuilly,
- avec tes impôts, des écoles où tu n’enverras pas tes enfants ; avec ton argent, l’Ecole Alsacienne ou Saint Jean de Passy,
- avec tes impôts, des flics à ton affût, avenue d’Iéna, quand tu circuleras sans ceinture ; avec ton argent, des installations d’alarme et des vigiles privés pour assurer la sécurité de ta famille et de tes biens.
Mais quand tu n’as que le SMIC que feras tu des 1003 € que tu touches par mois, sans savoir :
- que tu en as gagné 1891 € et que les hommes de l’Etat, déguisés en employeur, te prennent chaque mois 888 €, sans que tu t’en aperçoives,
- que sur les 1003 € qu’ils te laissent, ils te soutireront à nouveau 250 €, sous forme de TVA, de taxes sur l’essence et le tabac et d’impôts locaux,
- que le taux de prélèvement auquel tu es soumis est de 60 %...
- que pour la seule assurance maladie tu payes 3360 € de primes annuelles à la Sécu, alors que ton collègue d’Annemasse, travailleur frontalier en Suisse, peut faire jouer la concurrence entre 2000 mutuelles et ne payer que le 1/3, soit environ 1000 €/an,
- que pour t’assurer pour la vieillesse, on te prends 4020 € de primes annuelles alors que l’on te prive du droit (réservé aux fonctionnaires et aux politiciens avec leur PREFONDS) de t’organiser tout seul en capitalisant tes économies. Placée au taux de 5%, une économie de 4020 €, elle-même en augmentation de 5% l’an, t’assurerait au bout de 40 ans un capital de 1 250 000 € ! Tu peux rêver !
Cher Michel, quand tu étais premier ministre et que je travaillais avec toi, nous avions réussi à limiter à 1 % le coup de pouce au SMIC annuel, alors que les syndicats réclamaient 1,5%. Au même moment, nous combattions avec CALVET contre les importations de voitures japonaises qui auraient entraîné une baisse de 20 000 FF du prix de la voitures de base, soit 40 fois cette hausse du SMIC qui nous avait été arrachée. Aujourd’hui, si le marché était libre, ces mêmes voitures se vendraient 2 000 €, soit 8 fois le gain annuel pour un salarié de la dernière hausse du SMIC.
Dès mon retour de Chine, mon cher Michel, je reprendrai contact avec toi. Je me réjouis d’avance de retrouver ta lumineuse intelligence désormais guidée par la pensée de ce Frédéric Bastiat que mon livre t’auras, j’en suis sûr, donné envie de découvrir.
Bien amicalement
Emile Jappi
Ancien Ministre
ENA Promotion Stendhal